Le cerveau cannibale des autistes
Une nouvelle hypothèse pourrait aider à mieux comprendre les troubles autistiques. Une équipe de l’Université du Wisconsin, dirigée par Richard Davidson, a observé via IRM le cerveau de 28 garçons autistes âgés de 8 à 25 ans, en se concentrant en particulier sur la taille de leur amygdale. L'amygdale est une zone cérébrale en forme d'amande (d’où elle tire son nom) située au pôle antérieur du lobe temporal et appartenant au système limbique. L’amygdale est notamment impliquée dans la peur et l'agressivité. L’expérience a consisté à mesurer le mouvement des yeux des participants – le fait d’éviter le regard d’autrui étant un symptôme fréquent de l’autisme – qui devaient regarder des photographies montrant des visages expressifs, puis à analyser le lien entre évitement (sévérité) et amygdale.
Les résultats de l’étude ont ainsi établi une corrélation entre taille de l’amygdale et sévérité du trouble autistique. Les chercheurs ont aussi souligné la façon dont l’autisme évolue avec l’âge : les plus jeunes malades possédant des amygdales de dimension plus importante que les plus âgés. Selon Davidson, ces résultats concordent avec l’hypothèse selon laquelle l’autisme serait en partie causé par une hyperexcitabilité de l’amygdale, causant la mort prématurée des cellules de cette zone neurale et donc sa dégénérescence progressive. De telles observations ont aussi été menées sur des dépressifs sévères montrant que le cerveau peut ainsi « s’auto-consommer » afin de tenter de répondre au trouble dont il est victime, un peu de la même manière qu’un animal enchaîné peut se manger la patte.
On serait tenté d’extrapoler, à titre d’hypothèses tout à fait gratuites, à des domaines plus positifs. Le cerveau des grands mathématiciens, dont on sait qu’ils ont souvent leur pic de productivité entre 15 et 30 ans, obéirait-il par exemple à une « consumation neuronale » de ce genre, une puissante ébullition créative qui se dissipe par la suite ? Quoiqu’il en soit, le temps est bel et bien une dimension clé de la vie neuronale, aussi bien sur les durées très brèves de synchronisation des signaux électriques que sur les durées très longues de notre développement.
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Published online: 5 December 2006; | doi:10.1038/news061204-4
Fear centre is shrunken in severely autistic brains
A hyperactive amygdala may cause its own self-destruction.
Narelle Towie
The more severe the social dysfunction of an autistic patient, the smaller the part of their brain that governs fear-response, according to a new study. The results have scientists wondering whether some of the symptoms of severe autism are due to the brain becoming so overworked that it attacks its own cells.
The amygdala — a small part of the brain that governs emotional responses, such as fear — is thought to be important in autism, as it helps to govern social behaviour.
To examine the relationship, Richard Davidson and his team at the University of Wisconsin in Madison, decided to try and match amygdala size to the development of autism. They took MRI scans of 28 male autistic participants ranging in age from 8 to 25 years, and calculated the volume of their amygdala.
The researchers then looked at whether the patients tended to avoid eye contact — a well-known symptom of autism. Eye-tracking equipment was used to watch how the participants reacted when looking at images of emotional faces: autistic children tend to avoid the eyes in such pictures, and are slower at distinguishing facial expressions.
They then compared the extent of eye-contact avoidance and the particpant's age with the size of their amygdala. The results showed that the most severely affected, older subjects had the smallest fear centres in their brain.
"Older kids with smaller amygdala are the ones that tend to avert their gaze more," says Davidson.
In general, young austistic children have relatively large amygdalas. But older, teenage autistics have relatively small amygdalas. The more severe their symptoms, the new work shows, the smaller this part of the brain.
The results are consistent with the theory that a hyper-excitable amygdala in young autistic children may result in cell death and the shrinking of this part of the brain. Davidson plans to study the cells in more detail to test this theory.
It wouldn't be the first time it has been suggested that the brain may attack itself in response to a mental condition. Previous studies have shown that the amygdala is smaller in cases of severe recurrent depression, perhaps as a result of early hyperactivity.
References
Nacewicz B. M., et al. Arch Gen Psychiatry, 63 . 1417 - 1428 (2006).